Les avis sur ce concert

En ce mercredi soir, Murat avait un peu le moral dans les chaussettes. Au bilan, un concert envoyé fissa malgré les applaudissements nourris de la salle, certes un peu respectueuse... Mais que voulez-vous, écouter un concert confortablement assis dans un fauteuil n'incite pas à la débauche d'énergie (…) Si Murat nous la jouait bougon, nous, on réceptionnait illico les arrangements électroniques (Alain, Denis et Régis aux boites à rythmes, samplers et synthés)...Rien à voir avec les guitares de Mustango... Murat est bien le spécialiste du zig-zag.

Tournée Mustango = Jungle + Le Manteau de Pluie + Massive Attack

Murat s'est employé à résoudre cette équation mathématiquement improbable mais réussie. Qu'on en juge : un Bang-Bang orageux et cadavérique à souhait (il parait que la veille, ce fût encore plus poignant), déchiré comme jamais, bien supérieur à la version de l'album (pourtant pas loin de la perfection), Un nu dans la crevasse cataclysmique et carrément parti ailleurs... Murat n'a jamais aussi bien utilisé l'électronique.

Acoustique

Bien sûr, toutes les chansons ne profitent pas de ce traitement de choc et se sont lovées dans la dentelle fine d'un harmonica retenu et d'un piano enjôleur : Mustang, Le monde sans souci... Permettez-moi une comparaison et une espérance : que Murat vieillisse aussi bien Barbara...

Donc dans ce concert, on aura croisé les ombres de Kraftwerk, d'Aphex Twin. On aura pris des nouvelles des rats taupiers, de Giscard. On aura surtout défriché des terres inconnues à mi-chemin entre vertes étendues et la (future) station spatiale lunaire.., entre le souffle de l'amour et nos (petites ou grandes) névroses.

Apaisé, maître de ses émotions, de ses colères ou bien dépassé par la force brute de ses compositions, Murat apparaît tel qu'en lui-même : multiple et unique, anxieux et décidé, arrogant et humble, enthousiaste mais pas dupe... Beau résultat : les chansons ont toutes gagnées à s'exposer sur une scène.

Stéphane