Mustango tour, le bilan
Après plus d'un an passé sur les routes, Jean-Louis Murat a mis un point final à son Mustango tour.
C'était le 16 décembre 2000, à Sanary-sur-Mer.
Retour sur cette belle aventure...
C'était le 16 décembre 2000, à Sanary-sur-Mer.
Retour sur cette belle aventure...
Murat et la scène
Après avoir refusé l'exercice pendant des années, Murat est monté sur scène pour la première fois après la sortie de l'album Vénus. L'occasion pour lui de tourner un film "Mademoiselle personne", réalisé par Pascale Bailly, et de partir à la rencontre de son public. L'occasion aussi de réarranger ses chansons façon "country" et de faire cohabiter tubes et chansons plus obscures. Première expérience réussie donc, comme en témoigne le "Murat live" sorti au printemps 1995.
Pour la tournée Dolorès, Murat a choisi le dépouillement. Seul Denis Clavaizolle l'accompagne pour des ambiances intimistes de nappes de synthés et de guitares acoustiques.
Le tout accompagné par la projection d'images vidéo de paysages auvergnats, tournées autour de chez lui.
Mustango
Compte tenu de ces deux précédentes expériences, il ne fallait pas s'attendre à retrouver sur scène les chansons de Mustango telles qu'elles sont sur l'album. D'autant plus que Murat ne pouvait pas emmener Joey Burns, Marc Ribot ou John Medesky sur les routes... A vrai dire, on avait du mal à imaginer en quoi consisterait le Mustango tour... et c'était tant mieux.
Electro team
Surprise... Le mot est faible pour désigner ce que la plupart ont ressenti lors de leur premier concert. Car le Mustango tour, ça dépote... Entre nappes de synthés, samples, vocoder, rythmiques et bruitages divers, difficile de reconnaître les chansons de Mustango, toutes jouées sur scène...
Ils sont quatre sur scène, au milieu d'une multitude de machines :
- Denis Clavaizolle, de toutes les aventures depuis 1987, est l'homme orchestre. Il envoie les rythmiques, mélodies et impros diverses...
- Alain Bonnefont, l'ami de (presque) 30 ans, envoie les basses, des nappes de synthés et bruitages.
- Regis Oomiaq, l'homme au bonnet, est maître es bidouilles synthétiques avec ses mini-moogs et autres synthés vintage.
Quant à Murat, il est assis derrière sa guitare et mène le bal, armé d'une table de mixage (pour envoyer ou couper les rythmiques) et d'un lecteur CD.
Tout ça se présente comme une machine à improviser, histoire de ne pas se laisser endormir par la routine... Un piano et quelques guitares acoustiques sont aussi de la partie, afin de varier un peu plus les ambiances...
Tour de chauffe
Les quatre garçons ont répété tout au long de l'été 99 en Auvergne. Pour imaginer ces versions live, ils n'ont écouté que les maquettes des chansons, pas l'album, le but étant de ne pas se laisser influencer par le disque.
Lorsque la tournée commence, au début du mois d'octobre, les choses sont à peu près carrées. La set-list comporte 17 chansons : les 11 titres de Mustango et 6 inédits. Aucune ancienne chanson n'est prévue au programme, le Mustango tour, c'est du 100% nouveau, histoire de déstabiliser un peu plus le "fan de base". Et Murat en est parfaitement conscient.
Versions
Sur les 11 titres de Mustango, seuls 3 sont reconnaissables dès l'intro : Mustang et Au Mont Sans Souci, avec Murat seul au piano pour la première fois, ainsi que Viva Calexico restent fidèles aux versions de l'album. Les 8 autres chansons ont été totalement revisitées. Pour chaque chanson, une idée directrice qui sert de colonne vertébrale à la chanson (la basse de Polly Jean, le thème des Hérons, la rythmique de Belgrade...) et une multitude de trouvailles qui viennent se greffer dessus. Les chansons sont longues, plus de 10 minutes pour Bang Bang et près d'un quart d'heure pour Nu dans la Crevasse. L'ensemble a une couleur très expérimentale, pas du tout variété française...
Les Inédits
Des 6 inédits du début de Mustango tour, c'est Washington qui impressionne le plus. Presque le symbole de l'orientation électronique de la tournée. Ca part dans tous les sens : bruitages, rythmique, samples, vocoder... Un tube en puissance.
Mais il y en a pour tous les goûts... Ami amour amant, chanson d'amour "pour les filles", Couleurs, que l'on avait déjà découverte sur le site officiel, Rivière, extraordinaire ballade au piano...
Il y aussi Giscard, chanson inspirée par le projet de Vulcania, souvent l'occasion pour Murat de détendre l'atmosphère en racontant quelques tranches de vie auvergnate, et Todos los ojos te miran, surnommée "Julio", car Murat l'interprète en imitant Julio Iglesias de façon somptueuse, et désopilante... Dès novembre 99, Couleurs cédera la place à New Yorker, chanson écrite à New York pendant l'enregistrement de Mustango.
Public et ambiances
Beaucoup de facteurs influent sur l'ambiance d'un concert : la nature et la taille de la salle, le public, la forme des musiciens, les problèmes techniques qui peuvent survenir, et surtout Murat lui-même.
Compte-tenu du nombre et de la variété des situations de ce Mustango tour, on en a vu de toutes les couleurs...
Car comment imaginer vivre un concert de la même façon à Davignac, Corrèze et au mythique Olympia, à Benicassim et à Amiens ?
La salle classique qui accueille un concert de Murat, c'est un théatre d'environ 500 à 600 places. En général, la salle est pleine. Le public est varié, de 15 à 80 ans. On y retrouve les deux principaux profils du public muratien : inrocks/télérama, la trentaine et un public plus chanson française, sans limite d'âge...
En fonction des villes, la proportion de ces deux profils dans la salle est variable. Et l'ambiance qui précède l'entrée en scène des garçons est très variable elle aussi... Ca va du silence absolu à l'ovation, avec toutes les nuances entre ces deux extrèmes. Le plus souvent, l'ambiance est polie en début de concert, et s'améliore au fil des chansons, et des moments de détente, pour finir au top pendant les rappels.
Parfois, un Murat en petite forme va être porté à bouts de bras par un public enthousiaste (Nancy), parfois c'est Murat qui va réussir à faire bouger un public plutôt froid (Ris-Orangis), et à quelques reprises, la sauce n'a pas pris (Colombes). Dans ce cas, c'est bien difficile... Mais la set list était bien conçue et les moments propres à relancer l'ambiance bien programmés (Mont Sans Souci, fin de Bang Bang, Giscard...).
Rappels
Les rappels, on les a eus à toutes les sauces pendant le Mustango tour... Même si ça peut souvent paraître hypocrite et artificiel, ils sont pour beaucoup dans l'impression laissée par un concert. Alors quand le concert finit sans rappel par un Nu dans la Crevasse bien senti, c'est dur pour certains... A l'inverse, il a eu les concerts où Murat a senti qu'il fallait faire un effort pour rattraper quelques imprécisions... Alors une Chanson de Dolorès par ci, un Richard par là, c'est toujours un grand moment et ça laisse un souvenir impérissable...
Olympia et Cigale
Ca devait être le grand moment de cette tournée. Car le premier Olympia, ça compte dans une carrière. Eh bien, on s'en souviendra de l'Olympia de Murat. Une tension extrème, des versions sabotées, des moments de grâce, un Nu dans la Crevasse monumental qui clôt le concert, sans rappel. C'était un concert de combat, qui en a déstabilisé beaucoup, conquis quelques uns... mais qui ne pouvait pas laisser indifférent.
Alors forcément, le retour à Paris quelques mois plus tard était attendu avec inquiétude. Et ce fut sublime, l'exact négatif de l'Olympia. Ambiance fabuleuse de bout en bout, versions géniales, Murat parfaitement dans son sujet. Le meilleur souvenir de cette tournée.
Festivals
Les garçons devaient faire le tour des festivals de France et de Navarre tout au long de l'été. Mais pas si simple lorsqu'on a l'étiquette "chanson française" collée dans le dos de s'imposer dans les festivals de rock, où les musiques gonflées aux hormones tiennent le haut du pavé. Ajoutez à ça les magouilles de tourneurs et un milieu assez particulier, et le nombre de festivals avec Murat à l'affiche a été fort restreint. Bien sûr, il y eut les inévitables Francofolies (La Rochelle et Spa) et deux ou trois autres festivals de chanson française. Mais côté rock, pas grand chose. Ni Eurockéennes, ni Route du rock en tout cas... Mais peut-être n'est ce pas plus mal. Car il y eut "le rock dans tous ses états", à Evreux le 30 juin. Sans doute le plus mauvais concert de la tournée, une catastrophe. 45 minutes de concert avec un son approximatif, pas vraiment l'idéal pour le Mustango tour... Bentley Rhythm Ace ou Day One semblaient bien mieux préparés à l'exercice.
Bref, s'il faut trouver un point négatif à cette tournée, c'est bien cette aventure festivalière...
Guests
Ce fut rare, mais l'on a vu les principaux musiciens américains impliqués lors de l'enregistrement de Mustango sur scène avec Murat. C'était au Trianon et à la black session pour Elysian Fields. Jennifer Charles pour les deux duos sur Bang Bang et Jim, et Oren Bloedow à la guitare sur New Yorker.
Et à Bruxelles, la présence des Giant Sand laisser augurer de boeufs avec Howe Gelb, John Convertino et Joey Burns. On a donc eu droit à un Howe Gelb génial au piano sur Sentiment Nouveau, et à Joey Burns à la basse sur Viva Calexico. De quoi rester un peu sur notre faim...
C'était anecdotique, mais ceux qui étaient là s'en souviennent...
Premières parties
Les premières parties, c'est pour beaucoup un truc barbant qui dure trop longtemps et qui racourcit le concert de celui pour qui on est venu. Soit. Il y en a donc eu très peu sur la tournée.
Mais dans l'ensemble, elles valaient le détour. Rogojine, Perry Blake, Elisa Point, Natacha Tertone, Sophie Moleta, Giant Sand, Dit Terzi et Kaolin ont tous fourni des prestations intéressantes, voire enthousiasmantes pour certains. Alors pourquoi s'en priver ?
Mustango tour 2
Pour repartir sur les routes à l'automne 2000, les garçons devaient impérativement proposer un nouveau concert. Mais il était impossible de le préparer autant que le premier. Alors, avec quelques restes de la première version, quatre nouveaux inédits et un paquet de vieilleries, est né le Mustango tour v2. Beaucoup de chansons arrangées basse/guitare, Régis et Alain beaucoup moins présents, toujours pas de batterie (sauf à Clermont où on a vu ce que ça apporte)... il serait hypocrite de prétendre que cette v2 était aussi enthousiasmante que la première mouture. Mais la qualité des inédits (le sublime Raspoutine, la "giscardienne" Complainte du paysan français), quelques versions magiques (Le mendiant à Rio) et les efforts de Murat (enfin debout !) nous ont tout de même fait passer d'excellents moments. Et il y eut la Cigale...
Live
Pas de tournée sans album live, surtout lorsque la scène apporte autant aux chansons. Quelques concerts ont été enregistrés en vue de cet album. Puis il a été question d'enregistrer celui de l'Olympia, idée abandonnée car trop chère, voire même d'enregistrer un faux live en Auvergne, un peu à la mode "Live in Dolorès". Finalement, c'est la télévision qui a fourni la solution. Puisque le concert de Bruxelles était filmé, il ferait aussi l'objet d'un enregistrement en vue de l'album live. Quelques versions issues d'autres concerts ont été ajoutées et ça donne Muragostang, le témoignage discographique indispensable de cette aventure. Bien entendu, une tournée d'une telle longueur et d'une richesse pareille ne peut être rendue dans son ensemble sur deux cd. Mais c'est déjà ça... On regrettera seulement l'absence de quelques inédits... et surtout de Rivière.
Quant au Mustango tour v2, il est bien peu probable d'en retrouver trace sur disque. Là encore, le salut viendra peut-être de la télévision...
Fnac
Un moment à part dans ce Mustango tour. Le showcase acoustique à la Fnac Etoile, le 11 mars 2000. Où l'on entendit des versions inédites (Rivière bossa), des vieux titres, et beaucoup de blagues de la part d'un Murat en grande forme. Le Mustango tour v2 est né ce jour là.
Radio
Trois concerts du Mustango tour ont été joués spécifiquement pour la radio. Pour France Inter, RTL et la Radio Suisse Romande. Trois compléments indispensables à Muragostang.
Chiffres
Murat voulait que le Mustango tour compte 100 concerts, histoire d'arrêter la scène ensuite...
Résultat des courses :
76 concerts, plus le showcase Fnac et les nuits de la correspondance à Manosque.
63 villes visitées.
44 départements français.
20 régions (seule la Franche-Comté et la Corse manquent à l'appel)
5 pays (France, Belgique, Suisse, Espagne, Québec)
Beau voyage donc... On est assez loin des 100 concerts, il faudra que Murat remette ça. Ouf.
Bilan
Que retenir de ce Mustango tour ?
Que c'était une formidable aventure. Musicale avant tout, mais aussi humaine.
Des versions formidables, des inédits fabuleux, beaucoup d'expérimentation, la dream team des quatre garçons, les rencontres, les moments privilégiés, les liens tissés, Muragostang, La Cigale, Clermont, etc, etc...
Bien sûr, tout ça est encore bien frais dans nos esprits... Au temps d'agir maintenant...
Après avoir refusé l'exercice pendant des années, Murat est monté sur scène pour la première fois après la sortie de l'album Vénus. L'occasion pour lui de tourner un film "Mademoiselle personne", réalisé par Pascale Bailly, et de partir à la rencontre de son public. L'occasion aussi de réarranger ses chansons façon "country" et de faire cohabiter tubes et chansons plus obscures. Première expérience réussie donc, comme en témoigne le "Murat live" sorti au printemps 1995.
Pour la tournée Dolorès, Murat a choisi le dépouillement. Seul Denis Clavaizolle l'accompagne pour des ambiances intimistes de nappes de synthés et de guitares acoustiques.
Le tout accompagné par la projection d'images vidéo de paysages auvergnats, tournées autour de chez lui.
Mustango
Compte tenu de ces deux précédentes expériences, il ne fallait pas s'attendre à retrouver sur scène les chansons de Mustango telles qu'elles sont sur l'album. D'autant plus que Murat ne pouvait pas emmener Joey Burns, Marc Ribot ou John Medesky sur les routes... A vrai dire, on avait du mal à imaginer en quoi consisterait le Mustango tour... et c'était tant mieux.
Electro team
Surprise... Le mot est faible pour désigner ce que la plupart ont ressenti lors de leur premier concert. Car le Mustango tour, ça dépote... Entre nappes de synthés, samples, vocoder, rythmiques et bruitages divers, difficile de reconnaître les chansons de Mustango, toutes jouées sur scène...
Ils sont quatre sur scène, au milieu d'une multitude de machines :
- Denis Clavaizolle, de toutes les aventures depuis 1987, est l'homme orchestre. Il envoie les rythmiques, mélodies et impros diverses...
- Alain Bonnefont, l'ami de (presque) 30 ans, envoie les basses, des nappes de synthés et bruitages.
- Regis Oomiaq, l'homme au bonnet, est maître es bidouilles synthétiques avec ses mini-moogs et autres synthés vintage.
Quant à Murat, il est assis derrière sa guitare et mène le bal, armé d'une table de mixage (pour envoyer ou couper les rythmiques) et d'un lecteur CD.
Tout ça se présente comme une machine à improviser, histoire de ne pas se laisser endormir par la routine... Un piano et quelques guitares acoustiques sont aussi de la partie, afin de varier un peu plus les ambiances...
Tour de chauffe
Les quatre garçons ont répété tout au long de l'été 99 en Auvergne. Pour imaginer ces versions live, ils n'ont écouté que les maquettes des chansons, pas l'album, le but étant de ne pas se laisser influencer par le disque.
Lorsque la tournée commence, au début du mois d'octobre, les choses sont à peu près carrées. La set-list comporte 17 chansons : les 11 titres de Mustango et 6 inédits. Aucune ancienne chanson n'est prévue au programme, le Mustango tour, c'est du 100% nouveau, histoire de déstabiliser un peu plus le "fan de base". Et Murat en est parfaitement conscient.
Versions
Sur les 11 titres de Mustango, seuls 3 sont reconnaissables dès l'intro : Mustang et Au Mont Sans Souci, avec Murat seul au piano pour la première fois, ainsi que Viva Calexico restent fidèles aux versions de l'album. Les 8 autres chansons ont été totalement revisitées. Pour chaque chanson, une idée directrice qui sert de colonne vertébrale à la chanson (la basse de Polly Jean, le thème des Hérons, la rythmique de Belgrade...) et une multitude de trouvailles qui viennent se greffer dessus. Les chansons sont longues, plus de 10 minutes pour Bang Bang et près d'un quart d'heure pour Nu dans la Crevasse. L'ensemble a une couleur très expérimentale, pas du tout variété française...
Les Inédits
Des 6 inédits du début de Mustango tour, c'est Washington qui impressionne le plus. Presque le symbole de l'orientation électronique de la tournée. Ca part dans tous les sens : bruitages, rythmique, samples, vocoder... Un tube en puissance.
Mais il y en a pour tous les goûts... Ami amour amant, chanson d'amour "pour les filles", Couleurs, que l'on avait déjà découverte sur le site officiel, Rivière, extraordinaire ballade au piano...
Il y aussi Giscard, chanson inspirée par le projet de Vulcania, souvent l'occasion pour Murat de détendre l'atmosphère en racontant quelques tranches de vie auvergnate, et Todos los ojos te miran, surnommée "Julio", car Murat l'interprète en imitant Julio Iglesias de façon somptueuse, et désopilante... Dès novembre 99, Couleurs cédera la place à New Yorker, chanson écrite à New York pendant l'enregistrement de Mustango.
Public et ambiances
Beaucoup de facteurs influent sur l'ambiance d'un concert : la nature et la taille de la salle, le public, la forme des musiciens, les problèmes techniques qui peuvent survenir, et surtout Murat lui-même.
Compte-tenu du nombre et de la variété des situations de ce Mustango tour, on en a vu de toutes les couleurs...
Car comment imaginer vivre un concert de la même façon à Davignac, Corrèze et au mythique Olympia, à Benicassim et à Amiens ?
La salle classique qui accueille un concert de Murat, c'est un théatre d'environ 500 à 600 places. En général, la salle est pleine. Le public est varié, de 15 à 80 ans. On y retrouve les deux principaux profils du public muratien : inrocks/télérama, la trentaine et un public plus chanson française, sans limite d'âge...
En fonction des villes, la proportion de ces deux profils dans la salle est variable. Et l'ambiance qui précède l'entrée en scène des garçons est très variable elle aussi... Ca va du silence absolu à l'ovation, avec toutes les nuances entre ces deux extrèmes. Le plus souvent, l'ambiance est polie en début de concert, et s'améliore au fil des chansons, et des moments de détente, pour finir au top pendant les rappels.
Parfois, un Murat en petite forme va être porté à bouts de bras par un public enthousiaste (Nancy), parfois c'est Murat qui va réussir à faire bouger un public plutôt froid (Ris-Orangis), et à quelques reprises, la sauce n'a pas pris (Colombes). Dans ce cas, c'est bien difficile... Mais la set list était bien conçue et les moments propres à relancer l'ambiance bien programmés (Mont Sans Souci, fin de Bang Bang, Giscard...).
Rappels
Les rappels, on les a eus à toutes les sauces pendant le Mustango tour... Même si ça peut souvent paraître hypocrite et artificiel, ils sont pour beaucoup dans l'impression laissée par un concert. Alors quand le concert finit sans rappel par un Nu dans la Crevasse bien senti, c'est dur pour certains... A l'inverse, il a eu les concerts où Murat a senti qu'il fallait faire un effort pour rattraper quelques imprécisions... Alors une Chanson de Dolorès par ci, un Richard par là, c'est toujours un grand moment et ça laisse un souvenir impérissable...
Olympia et Cigale
Ca devait être le grand moment de cette tournée. Car le premier Olympia, ça compte dans une carrière. Eh bien, on s'en souviendra de l'Olympia de Murat. Une tension extrème, des versions sabotées, des moments de grâce, un Nu dans la Crevasse monumental qui clôt le concert, sans rappel. C'était un concert de combat, qui en a déstabilisé beaucoup, conquis quelques uns... mais qui ne pouvait pas laisser indifférent.
Alors forcément, le retour à Paris quelques mois plus tard était attendu avec inquiétude. Et ce fut sublime, l'exact négatif de l'Olympia. Ambiance fabuleuse de bout en bout, versions géniales, Murat parfaitement dans son sujet. Le meilleur souvenir de cette tournée.
Festivals
Les garçons devaient faire le tour des festivals de France et de Navarre tout au long de l'été. Mais pas si simple lorsqu'on a l'étiquette "chanson française" collée dans le dos de s'imposer dans les festivals de rock, où les musiques gonflées aux hormones tiennent le haut du pavé. Ajoutez à ça les magouilles de tourneurs et un milieu assez particulier, et le nombre de festivals avec Murat à l'affiche a été fort restreint. Bien sûr, il y eut les inévitables Francofolies (La Rochelle et Spa) et deux ou trois autres festivals de chanson française. Mais côté rock, pas grand chose. Ni Eurockéennes, ni Route du rock en tout cas... Mais peut-être n'est ce pas plus mal. Car il y eut "le rock dans tous ses états", à Evreux le 30 juin. Sans doute le plus mauvais concert de la tournée, une catastrophe. 45 minutes de concert avec un son approximatif, pas vraiment l'idéal pour le Mustango tour... Bentley Rhythm Ace ou Day One semblaient bien mieux préparés à l'exercice.
Bref, s'il faut trouver un point négatif à cette tournée, c'est bien cette aventure festivalière...
Guests
Ce fut rare, mais l'on a vu les principaux musiciens américains impliqués lors de l'enregistrement de Mustango sur scène avec Murat. C'était au Trianon et à la black session pour Elysian Fields. Jennifer Charles pour les deux duos sur Bang Bang et Jim, et Oren Bloedow à la guitare sur New Yorker.
Et à Bruxelles, la présence des Giant Sand laisser augurer de boeufs avec Howe Gelb, John Convertino et Joey Burns. On a donc eu droit à un Howe Gelb génial au piano sur Sentiment Nouveau, et à Joey Burns à la basse sur Viva Calexico. De quoi rester un peu sur notre faim...
C'était anecdotique, mais ceux qui étaient là s'en souviennent...
Premières parties
Les premières parties, c'est pour beaucoup un truc barbant qui dure trop longtemps et qui racourcit le concert de celui pour qui on est venu. Soit. Il y en a donc eu très peu sur la tournée.
Mais dans l'ensemble, elles valaient le détour. Rogojine, Perry Blake, Elisa Point, Natacha Tertone, Sophie Moleta, Giant Sand, Dit Terzi et Kaolin ont tous fourni des prestations intéressantes, voire enthousiasmantes pour certains. Alors pourquoi s'en priver ?
Mustango tour 2
Pour repartir sur les routes à l'automne 2000, les garçons devaient impérativement proposer un nouveau concert. Mais il était impossible de le préparer autant que le premier. Alors, avec quelques restes de la première version, quatre nouveaux inédits et un paquet de vieilleries, est né le Mustango tour v2. Beaucoup de chansons arrangées basse/guitare, Régis et Alain beaucoup moins présents, toujours pas de batterie (sauf à Clermont où on a vu ce que ça apporte)... il serait hypocrite de prétendre que cette v2 était aussi enthousiasmante que la première mouture. Mais la qualité des inédits (le sublime Raspoutine, la "giscardienne" Complainte du paysan français), quelques versions magiques (Le mendiant à Rio) et les efforts de Murat (enfin debout !) nous ont tout de même fait passer d'excellents moments. Et il y eut la Cigale...
Live
Pas de tournée sans album live, surtout lorsque la scène apporte autant aux chansons. Quelques concerts ont été enregistrés en vue de cet album. Puis il a été question d'enregistrer celui de l'Olympia, idée abandonnée car trop chère, voire même d'enregistrer un faux live en Auvergne, un peu à la mode "Live in Dolorès". Finalement, c'est la télévision qui a fourni la solution. Puisque le concert de Bruxelles était filmé, il ferait aussi l'objet d'un enregistrement en vue de l'album live. Quelques versions issues d'autres concerts ont été ajoutées et ça donne Muragostang, le témoignage discographique indispensable de cette aventure. Bien entendu, une tournée d'une telle longueur et d'une richesse pareille ne peut être rendue dans son ensemble sur deux cd. Mais c'est déjà ça... On regrettera seulement l'absence de quelques inédits... et surtout de Rivière.
Quant au Mustango tour v2, il est bien peu probable d'en retrouver trace sur disque. Là encore, le salut viendra peut-être de la télévision...
Fnac
Un moment à part dans ce Mustango tour. Le showcase acoustique à la Fnac Etoile, le 11 mars 2000. Où l'on entendit des versions inédites (Rivière bossa), des vieux titres, et beaucoup de blagues de la part d'un Murat en grande forme. Le Mustango tour v2 est né ce jour là.
Radio
Trois concerts du Mustango tour ont été joués spécifiquement pour la radio. Pour France Inter, RTL et la Radio Suisse Romande. Trois compléments indispensables à Muragostang.
Chiffres
Murat voulait que le Mustango tour compte 100 concerts, histoire d'arrêter la scène ensuite...
Résultat des courses :
76 concerts, plus le showcase Fnac et les nuits de la correspondance à Manosque.
63 villes visitées.
44 départements français.
20 régions (seule la Franche-Comté et la Corse manquent à l'appel)
5 pays (France, Belgique, Suisse, Espagne, Québec)
Beau voyage donc... On est assez loin des 100 concerts, il faudra que Murat remette ça. Ouf.
Bilan
Que retenir de ce Mustango tour ?
Que c'était une formidable aventure. Musicale avant tout, mais aussi humaine.
Des versions formidables, des inédits fabuleux, beaucoup d'expérimentation, la dream team des quatre garçons, les rencontres, les moments privilégiés, les liens tissés, Muragostang, La Cigale, Clermont, etc, etc...
Bien sûr, tout ça est encore bien frais dans nos esprits... Au temps d'agir maintenant...