Date :
23 novembre 2006
Ville :
Bordeaux (33)
Salle :
Théâtre Barbey
Les avis sur ce concert
Peu après la balance et ces divers réglages et calages, je remonte dans les loges en compagnie de David. Complicité de la section rythmique probablement, nous plaisantons dans l’ascenseur. Il me chambre au sujet de mes pieds de cymbales ! La plaisanterie court depuis le concert de Périgueux. Il envisage une douche tandis que j’enfile un pull et mon blouson.
J’ai envie de sortir un peu, boire un café en ville. Il est encore assez tôt pour boire un café en ville même pour un batteur officiant aux trois coups donnés à 21h. Passant par le hall, je salue Jocelyne et, dégringolant une volée de marche, je lève le nez au vent, heureux.
Heureux d’être batteur, de jouer de la batterie derrière Gengis, aux côtés de David et Michaël. Ce Taormina Tour est un excellent cru, convenant à merveille à la capitale Bordelaise. Gengis pensant à tout et notamment au bon vin, nous sommes ce soir à Bordeaux. La présente tournée se clôturera à …. Dijon, en Bourgogne. Sacré Gengis ! Et du goût l’animal, il garde toujours le meilleur pour la fin.
Tournant une tranquille cuillère dans mon café, je refais le point sur le dernier briefing : le son, en salle comme sur scène, est convenable. L’ambiance conviviale régnant avec l’équipe du lieu, le lieu même, tout annonce un bon concert. Il y aurait du monde, nous dit-on. La set-list est bien rodée, nous l’avons adaptée aux conditions du jour : la crève que traîne Gengis, mais la bête est solide. Et, sans qu’il n’y paraisse, Les concerts sont pour lui, un médicament. Il porte à son public un immense respect qui le lui rend bien. Respect, pudeur, simplicité, fidélité, complicité … Elle est peut-être là , la clé du mystère des concerts Murat. A cent lieux des plateaux télés, médias passe plat. Posté derrière la batterie, je ressens toutes ces infimes et précieuses petites choses de l’univers Muratien…
Peu après la fin du passage de Caillon, de nouveau en première partie, nous sommes rassemblés en coulisses à la cour. Le Caillon a juste le temps de nous dire : « Allez mes seigneurs, le public est bon, soyez-le ! Et M…. à vous les mecs… à ‘t’à l’heurrr…. »
Au signal habituel, Gengis devant, nous entrons en scène… Le cœur qui bat… attention, ne pas se prendre un pied dans les fils, contourner l’ampli guitare par le fond…
…Viens la vague, elle monte du trou noir là , à gauche. Elle monte, nous embrasse et nous emporte. Je m’assieds, respire, voila, nous y sommes, nos quatre regards vers une seule note, la première. Quel soit forte, belle.
Tchac/ tchac/ 3/ 4… C’est parti… Gengis, tout juste sorti de son inhalation entame « Taormina ». Comme chaque soir, le public est là , chaleureux, proche. Le Gengis patauge dans son texte, tente un retour, loupe à nouveau le truc. La salle pourrait lui souffler le texte, je lis les paroles sur leurs lèvres. Ils s’en amusent, indulgents, saluant fort dignement même la fin de ce premier morceau « trou de mémoire. »
On enchaîne…« Caillou » lance véritablement le set. En bas, ça commence à bouger. « Si je devais manquer de toi » hausse le niveau de communication public/musiciens. On n’y est bien dans cette salle ce soir… « La fille du capitaine », « La maladie d’amour »…. Ça coule…. Oh la ! que je te remets un peu de tempo tout doux sur le charley, le chanteur est crevard, faut qu’j’ cale l’entrée de David et Michaël.
Il n’y aura pas d’intermède chant/guitare, la guitare aurait bien voulu, le chanteur n’aurait pu.
« Et le désert avance » pousse un peu plus la chaudière. Avec les titres qui défilent, la voix revient. Nous envoyons même une fort belle « Démariée ». L’homme à la Télécaster noire reprend du poil de la bête, réconforté par un public bien chaud maintenant. Pas très bruyant certes, mais présent. Peut-être une certaine retenue semblable aux crus du vignoble, mais alors avec l’élégance, la finesse et la chaleur d’un Chasse Spleen 89.
Le Gengis a bien ressenti tout cet amour là , en bas, devant. Il le lit dans les yeux de chacun.
Une voix sur la droite hurle : « La petite idée… ! » L’auvergnat auvergnate dans le micro : « …ça dépend laquelle… » Lui, visiblement, il en a une, d’idée en tête. Il s’approche rapidement de David et Michaël, leur lance quelques mots, se tourne vers moi. Ses lèvres s’articulent, j’y lit/entends «….du berger! » La sensibilité de l’animal a lu, là , quelques parts, dans les yeux du type au pull rouge, plus sûrement dans le joli regard de cette jeune femme aux cheveux de braise, blottie dans les bras de son amoureux. Gengis est comme ça. Il a vu l’amour, il chante l’amour, point. Donc, « L’heure du berger ».
Après le concert, nous pourrons, moqueurs, le féliciter pour cette version « enfiévrée » Un qui n’attend pas pour le faire, c’est le public. Le morceau et sa version « enfiévrée » sont salués somptueusement…
Allongé sur mon lit d’hôtel, détendu, je pose un œil aveugle sur un écran de télé où un costume cravate m’explique doctement les bienfaits de la consommation sur le moral des ménages. Mes pensées vagabondent… un public, des musiciens, qui se parlent et s’écoutent….
…… Je m’endors heureux…. Je suis batteur derrière Gengis….
« Rêver pour l’hiver » (avec l’involontaire complicité de Stéphane).
-------------------
Petit retour sur le concert de jeudi soir : une première partie intéressante avec un jeune chanteur de Clermont-Ferrand : Caillon ! seul sur scène avec sa guitare et sa pédale avec des textes ou l'on parle de "couleurs sous la pluie" de "sang s'paississant" ! à découvrir, vraiment !
Puis arrive Jlm, Jean-Louis pour certains, Murat pour d'autres ! Et là j'ai comme un petit malaise ! En effet Jean-Louis, oui, vous avez pris un coup de vieux mais ce n'est pas de votre faute, vous avez l'air un peu défait et ce n'est pas de votre faute, vos cheveux sont trop longs et ce n'est toujours pas votre faute mais en revanche vous ne souriez pas, vous faites presque la gueule, vous ne parlez pas entre les chansons, vous ne remerciez presque pas ou alors je suis sourd ! Et chose que je déteste par dessus tout vous parlez et rigolez avec vos musiciens en nous excluant !!!
Mais bon, vos chansons sont belles, votre musique est excellente : rien à dire ! c'est un concert professionnel et très émouvant car votre voix est maîtrisée, touchante et rien que d'en parler là maintenant j'en ai encore des frissons et des larmes aux paupières !
Mais pourquoi cher Jean-Louis, cette attitude avec votre public qui vous aime, achète vos albums et se déplace à vos concerts ! Je ne comprends pas !
Mais comme je suis fidèle, je continue à vous aimer et je vais continuer à acheter vos prochains albums et vous suivre ! Je suis comme ça, moi, quand j'aime, c'est pour toujours sauf grosse, grosse déception et encore !
Vous avez de la chance Jean-Louis : à Bordeaux, il y aura toujours un garçon qui aimera vos chansons, votre voix, votre musique et en gros votre univers si particulier !
Bruno
Taormina tour