Les avis sur ce concert

Je sors du concert de Murat à la Cigale, et mes impressions sont quelque peu mitigées. Le groupe a enchaîné des titres extraits essentiellement des albums publiés depuis le début du siècle - en fait tous sauf "Si je devais manquer de toi", d'ailleurs, un choix plus original aurait été apprécié - soit deux morceaux de Mockba ("La Fille du Capitaine", "Le Désert"), trois morceaux de Lilith ("Jaguar", "la Maladie d'Amour" et le dispensable parmi les dispensables "Papillons"), ainsi que deux morceaux du Moudjik ("Foule Romaine" et "L'Au-Delà"), auquel on ajoutera "Parfum d'Acacia au Jardin". En gros, une set-list pas très originale et guère excitante.

Je ne dirai pas, contrairement à ce qui a été écrit ici où là, que les morceaux ont été réarrangés. C'est juste que la présence du synthé permet de gonfler le son, ce qui fait que la mélodie dépend moins de la basse, qui se concentre plus sur son travail rythmique, ce qui amène un rééquilibrage du son et permet à Jean-Louis de mieux poser ses parties de guitare. J'ai trouvé du coup le nouveau bassiste très bon, et les sons de synthé sobres et travaillés. Jean-Louis a globalement très bien joué. Je lui reproche juste un peu de trop jouer sur les sons de son énorme pédalier multi-effet, et les phaser avec réglage de la profondeur et de la vitesse aux deux tiers, ça finit par péter la tête, surtout que son ampli à modélisation sort des sons pas toujours réalistes, et on perd un peu le son de la Telecaster. Les fans de guitare me comprendront - enfin, j'espère. Heureusement, d'autres fois, comme sur certaines ballades du nouvel album, la magie prend. En ce qui concerne les nouveaux morceaux, j'ai beaucoup aimé le "Taormina" introductif, mais le meilleur moment d'après moi fut "L'Heure du Berger", magnifiquement interprété et magnifié par un Stéphane Reynaud très inspiré. "Démariés" était également très bon.

Murat a globalement très bien chanté, mais pas sur tous les morceaux, notamment, je l'ai trouvé mauvais sur "Accueille moi, paysage", où il s'est carrément mis à mâchouiller comme aux plus mauvaises heures de la tournée 2005. Cela dit, je remercie le public d'avoir rappelé Jean-Louis une dernière fois - la quatrième ! - pour qu'on ait droit à ce morceau, car je serais resté sur ma fin.

En effet, on a eu droit à une version expédiée et carrément merdique du "Jaguar", insignifiante par rapport à l'incroyable interprétation qu'il nous livra en 2003 sur la tournée "Parfum d'Acacia". Là, le morceau met un temps fou à partir, JLM chante n'importe comment, et quand enfin la sauce prend - grâce à Stéphane, encore - et bien ... c'est fini. C'est nul nul nul. De même que je ne comprends pas l'intérêt de nous refourguer le "Papillon", un morceau marrant certes, mais qu'on a marre d'entendre, surtout que JLM nous sert tous ses plans funky les plus pourris, même pas dignes de Sinclair ou de FFF, c'est tout dire. Surtout, sur ce morceau, ce qui m'horripile le plus, c'est une partie du public : totalement endormi pendant le reste du set, il se met à crier des "Ouh Papillon" parfaitement débilisants qui rappellent les soirées Gloubiboulga les plus infâmes. Mention spéciale à la trisomique qui s'est mise à me hurler dans les oreilles. Et je pouvais même pas la faire taire : son mec avair l'air d'un mastodonte bodybuildé et j'aurais pas donné cher de ma peau.

Sinon, pour ce qui est de l'attitude de JLM, je dirais que c'est sobre, que y'a plus de blagues, si ce n'est une petite allusion grivoise à Ségolène - huée par le public, qui n'est donc pas si débile que ça, finalement. A titre personnel, j'apprécie le fait que JLM soit concentré sur la musique. Mais où est passée la générosité ? A savoir : les franches rigolades, les inédits, les improvisations. Où sont passés les "Mustango" et les "Se mettre aux anges" déchirants de beauté ? Pourquoi le concert n'a-t-il duré qu'une heure quarante-cinq, avec les quatre (!) rappels, alors que j'ai assisté à des concerts de deux heures et des briquettes avec des rappels de cinq morceaux ? Même si la nouvelle formation en quartet s'avère plus intéressante que les dernières prestations du trio, qui commençait à s'essouffler sérieusement, même si Murat a retrouvé sa voix et sa diction, on reste quand même sacrément sur sa fin, car le tout est bien trop prévisible. Il serait temps de chambouler sérieusement un set list devenue trop familière, même quand elle incorpore les chansons d'un excellent nouvel album.

Voilà, mais comme je l'ai dit, ce ne sont que mes impressions, et bien sûr, elles n'engagent que moi ... j'aimerais bien avoir les vôtres, si vous étiez présents.

Yann

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Bonjour, j'y Ă©tais hier soir et je ne suis pas tout Ă  fait d'accord avec Yann..

Tout d'abord une précision concernant le matos de JLM. Il utilise le Vetta de chez Line 6 et son pédalier n'est en fait qu'un contrôleur midi je crois.

Je suis d'accord pour le rôle du clavier qui permet à Jean-Louis d'être plus détaché et plus libre dans son jeu de guitare, d'ailleurs il a magnifiquement joué. Je l'ai davantage vu comme un musicien que comme chanteur par rapport aux tournées précédentes.

C'est vrai que le set-list manque un peu d'originalité. Cependant je ne suis pas d'accord quant à ses sons de guitares que je trouve toujours de qualité. Il joue fort, ça envoie et c'est plaisant. Et quant au Papillon, si tu la retire de la liste, il ne reste plus grand chose en terme d'échange entre lui et le public alors, à mon avis, elle est nécessaire pour nouer le contact et en ce cas, il aurait fallu la faire plus tôt c'est vrai...

Pour le jaguar, j'ai trouvé que c'était une bonne version, très prenante sauf il est vrai pour la partie chorus qui était moins présente et efficace qu'en 2004, mais il ne fait jamais la même version on le sait...

Enfin, le clou du spectacle, bien qu'il ne connaisse que les deux trois premiers couplets (et encore il a mélangé) de Accueille-moi paysage, quel pied ! superbe, magnifique...mais alors qu'est-ce qu'il faut la réclamer celle-là ! Il ne la joue que trop peu donc forcément les paroles...c'est dommage car elle sont sublimes.

Ah oui l'attitude du bonhomme, je ne sais pas trop quoi penser...il est comme ça on le changera pas mais je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il y'a un truc qui ne tourne pas rond....allez savoir quoi....

VoilĂ , voilĂ  mes impressions qui n'engagent que moi Ă©videmment !

Antonin

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J'ai attendu de voir les deux concerts pour me faire une meilleure idée.

Jeudi soir, j'ai trouvé le concert intéressant mais je suis partie avec le sentiment qu'il se passait quelque chose "backstage". Au début, je l'ai senti concentré sur ce qu'il faisait. Le résultat était très bon mais il manquait l'échange avec la salle ce qui a fini par s'arranger vers la fin. Il a même commencé "l'apéro". Il faut dire qu'on devient exigeant avec lui parce qu'il nous a déjà donné de tel concert ! Je n'ai pas l'oreille d'un professionnel, j'en reste donc strictement aux émotions que je ressens pendant un concert. J'ai donc apprécié ce concert avec ce bémol : Jean-Louis avait du mal à sortir de lui-même et pour moi c'est toujours une frustration. Je l'ai senti préoccupé. C'est ce que j'ai ressenti. Je l'ai déjà vu en meilleure forme et, pour tout dire, ça m'a un peu inquiété.

Quant à hier soir, changement d'ambiance, je l'ai trouvé génial ! Dès qu'il est arrivé, il a attaqué très fort sur l'intro de Taormina. Il était présent et il a beaucoup donné. A la fin du concert, il a même remercié le public en l'applaudissant. Il s'est lâché sur la guitare et une corde en a fait les frais. J'ai pu admirer de près la très belle guitare avec l'oiseau de Patrice Blanc. C'est vraiment une merveille. Oui, c'est vrai il a refait certains titres "classiques" mais c'est un peu un rituel et finalement j'approuve ce qui a été dit par d'autres, ça permet de réveiller le public et de le faire participer. Comme "foule romaine". Pour "le jaguar", je ne m'en lasse pas et cette version m'a beaucoup plu. J'irais même jusqu'à dire que c'est une de mes préférées. Pour la première fois, j'ai justement vu un jaguar dans la voix de Jean-Louis. Un jaguar dans une forêt qui hurle son désespoir et sa solitude. Les musiciens étaient tous très bien avec un Stéphane Reynaud remarquable à la batterie. Ayant vu le premier concert de la tournée, j'ai vraiment eu le sentiment que la complicité entre eux est en train de se faire. Hier, en tous les cas, on voyait qu'ils avaient plaisir à jouer ensemble. Dans "Est-ce bien l'amour ?" j'ai noté l'arrivée d'un couplet nouveau : Petit miroir, Petit miroir joli... L'heure du Berger et Accueille moi paysage, il peut les faire à tous les prochains concerts, je crois que je ne m'en lasserai jamais. Finalement, il pourrait faire un concert de 4 heures je pense qu'il y en aurait encore qu'on aimerait entendre. Que diriez-vous du "Monde intérieur" par exemple ? En ce qui me concerne, hier j'ai vécu un magnifique concert et j'en redemande. Hier, c'était Jean-Louis comme on l'aime.

"Quitter Pigalle et Loulou", non c'Ă©tait trop dur !

Marina

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Je me suis moi aussi rendue aux deux concerts, très proches musicalement. Et avec un Jean-Louis plus décontracté le deuxième soir, c’est vrai. J’ai passé un très beau moment mais j’ai pourtant des milliers de reproches à faire à ce concert.

D’abord je l’ai trouvé « trop pro ». (oui je dois ici paraître un peu étrange...) Mais j’ai trouvé les accords parfaits, tout était presque parfait et il manquait cette faille propre à Murat, ces notes trop longues, sa voix entre la plainte et le cri qui perce le cœur. Je ne dis pas que c’était lisse, c’était du très bon rock avec des nouveaux arrangements souvent bien vus ; mais c’était trop rodé.

D’ailleurs, pas un mot du chanteur, pas un sourire, seuls ses grands yeux ouverts (ô miracle) pouvaient laisser passer les domaines immémoriaux où il sait nous emmener.

Bref, de mon côté, pas d’émotion. Du plaisir, la certitude de vivre un moment de qualité musicale, mais pas d’émotion.

D’ailleurs, toutes les chansons ou presque étaient tournées version très rock. Où est passée la douceur de Jim, pourquoi avoir oublié le piano ? Comment pouvoir chanter systématiquement papillon, l’au-delà et Foule romaine (sans parler du Jaguar) et oublier un peu Pluie d’automne, Je me donne, Ce qui n’est pas donné est perdu ou je ne sais encore ? Le baiser ? Est-ce déjà trop de rêves ? Quelle idée de reprendre une chanson aussi peu attachante que Si je devais manquer de toi.... Enfin je ne veux vexer personne, et le problème était surtout le manque de chansons douces (ah, si, j’oubliais la version absolument ratée du Chemin des poneys, seule chanson ratée d’ailleurs. )

Je veux retrouver chez Murat le frisson qui m’a tant bouleversée. Il n’y a que les démariés qui m’a un peu émue, et un peu seulement parce que je ne voyais pas dans les yeux du chanteur la conviction nécessaire à son propos. Bref, j’avais l’impression qu’il faisait parfaitement son métier, mais sans grand chose d’autre. Et évidemment, pas d’inédits.

Je crois que j’attends de ses concerts plus de douceur, de langueur et de tristesse. Ce qui doit donner (et a déjà donné) une impression si étrange de malaise et de beauté, et évidemment, de pure émotion.

Lise