A ma filleule
Ma filleule, où diable a-t-on pris
Le pauvre parrain qu'on vous donne ?
Ce choix seul excite vos cris ;
De bon coeur je vous le pardonne.
Point de bonbons à ce repas ;
À vos yeux cela doit me nuire ;
Non, mon enfant, ne pleurez pas,
Votre parrain vous fera rire.
L'amitié m'en a fait l'honneur,
Et c'est l'amitié qui vous nomme.
Or, pour n'être pas grand seigneur,
Je n'en suis pas moins honnête homme.
Des cadeaux si vous faites cas,
Vous y trouverez à redire ;
Non, mon enfant, ne pleurez pas,
Votre parrain vous fera rire.
Malgré le sort qui sous sa loi
Tient la vertu même asservie,
Puissions-nous, ma commère et moi,
Vous porter bonheur dans la vie !
Pendant leur voyage ici-bas,
Aux bons coeurs rien ne devrait nuire ;
Mais, mon enfant, ne pleurez pas,
Votre parrain vous fera rire.
Qu'Ã vos noces je chanterai,
Si jusque là mes chansons plaisent !
Mais peut-être alors je serai
Où Panard et Collé se taisent.
Quoi, manquer aux joyeux ébats
Qu'un pareil jour devra produire !
Non, mon enfant, ne pleurez pas,
Votre parrain vous fera rire.