Pierre-Jean de Béranger/Jean-Louis Bergheaud
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
(texte)
La fortune
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Tous mes amis, le verre en main,
De joie enivrent ma chambrette.
Nous n'attendons plus que Lisette :
Fortune, passe ton chemin.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Si l'on en croit ce qu'elle dit,
Son or chez nous ferait merveilles.
Mais nous avons là vingt bouteilles,
Et le traiteur nous fait crédit.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune:
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Elle offre perles et rubis,
Manteaux d'une richesse extrême.
Eh! Que nous fait la pourpre même ?
Nous venons d'ôter nos habits.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Elle nous traite en écoliers,
Parle de gloire et de génie.
Hélas ! Grâce à la calomnie,
Nous ne croyons plus aux lauriers.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Loin des plaisirs, point ne voulons
Aux cieux être lancés par elle :
Sans même essayer la nacelle
Nous voyons s'enfler ses ballons.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
Mais tous nos voisins attroupés
Implorent ses faveurs traîtresses :
Ah ! Chers amis, par nos maîtresses
Nous serons plus gaîment trompés.
Pan ! Pan ! Est-ce ma brune,
Pan ! Pan ! Qui frappe en bas ?
Pan ! Pan ! C'est la fortune :
Pan ! Pan ! Je n'ouvre pas.
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