Pierre-Jean de Béranger/Jean-Louis Bergheaud
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
(texte)
Le mort vivant
Lorsque l'ennui pénètre dans mon fort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Quand le plaisir à grands coups m'abreuvant
Gaîment m'assiège et derrière et devant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Un sot fait-il sonner son coffre-fort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Volnay, Pomard, Beaune, et moulin-Ã -vent,
Fait-on sonner votre âge en vous servant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Des pauvres rois veut-on régler le sort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
En fait de vin qu'on se montre savant ;
Dût-on pousser le sujet trop avant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Faut-il aller guerroyer dans le nord,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Que, près du feu, l'un l'autre se bravant,
On trinque assis derrière un paravent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
De beaux esprits s'annoncent-ils d'abord,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais, sans esprit, faut-il mettre en avant
De gais couplets qu'on répète en buvant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Suis-je au sermon d'un bigot qui m'endort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort!
Que l'amitié réclame un coeur fervent,
Que dans la cave elle fonde un couvent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Monseigneur entre, et la liberté sort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais que Thémire, à table nous trouvant,
Avec l'aï s'égaie en arrivant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Faut-il sans boire abandonner ce bord,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais pour m'y voir jeter l'ancre souvent,
Le verre en main, quand j'implore un bon vent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Je suis vivant, bien vivant, très vivant !
Se trouve sur le(s) disque(s) suivant :