La fille du fossoyeur
Quelle est cette fille qui passe
D'un pied léger, d'un air riant ?
Dans son sourire que de grâce,
De bonté dans son œil brillant !
Elle est modeste et désespère
Ses compagnes par sa fraîcheur ;
Sa beauté fait l'orgueil d'un père ;
C'est la fille du fossoyeur.
Claire habite le cimetière.
Ce qu'au soleil on voit briller ;
C'est sa fenêtre, et sa volière,
Qu'on entend d'ici gazouiller.
LÃ -bas, voltige sur les tombes
Un couple éclatant de blancheur ;
A qui ces deux blanches colombes ?
A la fille du fossoyeur.
On l'entend rire dès l'aurore
Sous les lilas de ce bosquet,
Où les fleurs humides encore
A sa main s'offrent par bouquets.
LÃ , que les plantes croissent belles !
Que les myrtes ont de vigueur !
LÃ , toujours des roses nouvelles
Pour la fille du fossoyeur.
Sous son toit, demain grande fête ;
Son père va la marier.
Elle épouse, et la noce est prête,
Un jeune et beau ménétrier.
Demain, sous la gaze et la soie,
Comme en dansant battra son cœur !
Dieu donne enfants, travail et joie
A la fille du fossoyeur.